samedi 8 octobre 2016

La chevauchée des Valkyries 4 : Chocs et pare-chocs




Se faisant face, les filles s’immobilisent et se dévisagent, alors que je replie prudemment vers les escaliers qui mènent aux appartements. Tapi à l’angle du mur, je les observe, trop heureux de .revoir Maîtresse et Hélène, mais aussi fasciné par le choc de titans qui est sur le point de se produire. Sous mes genoux et mes mains, sentent la moquette multicolore qui recouvre cet escalier de pierre.

La minuterie s’éteint et dans un déchaînement de violence, de coups et des cris échangés tout près. Une porte s’ouvre puis se referme dans le grincement du groom, puis referme dans un claquement sec, laissant entrevoir dans un rai de lumière, une silhouette à la chevelure flottante et long imperméable à talons hauts qui s’éclipse dans un rire sonore et un « tschuss » moqueur.

Des claquements de bottes, quelqu’un s’enfuit, alors qu’au premier, une porte s’ouvre et des voix résonnent sur le palier. Un couple se parle et inspecte. La lumière s’allume à nouveau, dévoilant sous mes yeux l’ampleur du désastre. Maîtresse et Hélène gisent au sol au milieu des débits d’un pot et d’une plante d’ornements. Des pas se font entendre dans l’escalier, dans notre direction.

Heureux de retrouver mes sauveuses, je m’apprête à les rejoindre. Prêt à tout endurer plutôt que de rester dans ce lieu. A cet instant retenti un appel au-dessus, alors que la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvre, laissant le passage à un couple de la cinquantaine grisonnante visiblement stupéfait par la scène chaotique qu’il découvre.

Nous nous engouffrons tous les trois à la suie de Pauline par la porte qui conduit aux parkings. La lumière s’éteint à nouveau derrière nous alors que nous commençons notre progression dans cet escalier de béton plongé dans l’obscurité. Un claquement tout près nous informe que la porte s’est refermée.

Nous arrivons dans un garage et ses odeurs caractéristiques. Je frissonne et Hélène de sa main secourable, pose sur mes épaules la veste qui couvre ses épaules. Sa proximité réveille en moi le désir et ma virilité contrainte. Je pousse un grognement vite absorbé par sa poitrine accueillante en me faisant un « shhhh » rassurant. « Nous étions folles d’inquiétude pour toi toutou » et touchant mon entrejambe ajoute « on va aussi te débarrasser de ce truc. »

« Ne bougez pas, je vais chercher la voiture » intervient Maîtresse et, alors que la porte oscillante bascule, laissant le passage à une voiture. Véro s’engage sur la rampe, sous les regards suspicieux des occupants. Nous nous dissimulons dans l’ombre d’un break Mercedes gris métallisé garé tout près.

La porte du parking se referme dans un grincement métallique, plus loin des portes claquent, des pas s’éloignent, emportant avec eux les éclats de voix d’une conversation. Derrière nous, une ombre inquiétante s’avance sournoisement dans notre dos. Je ressens soudain un choc à la tête.

La Mercedes sort soudain en trombe, suivie par Hélène décoiffée qui rejoint sa consœur en clopinant et e. La voiture démarre en trombe et une poursuite s’engage à travers les rues désertes à cette heure. Peu à peu les lueurs et les bruits de circulation que je perçois sont plus diffus, alors que dans l’habitacle, une radio FM des programmes nocturnes mêlant musiques et paroles en allemand donnant je l’imagine la circulation routière.

Dans mon réduit, je suis ballotté d’un côté à l’autre de ce coffre spacieux. Certainement une route en lacets. « Les filles nous suivent c’est certain. » Mais à peine ais-je le temps de m’interroger, que la voiture rebondi et que la porte du coffre s’ouvre soudain, alors que la voiture ralenti dans un virage. Me voilà propulsé au dehors, sous la pluie. Je rebondi et atterri dans l’herbe épaisse d’un champ.

Étourdi, à peine ais-je le temps de me relever que je vois passer dans un grognement rageur les phares d’un coupé sportif. Me voilà seul, perdu, à demi nu dans la campagne la nuit. Je me pelotonne dans la veste prêtée par Hélène, lorsque je perçois un mouvement près de moi, puis un meuglement et des bruits de cloches qui se rapprochent.

Sans demander mon reste, je me relève en me massant les fesses et me mets à clopiner vers la route, mettant de côté ma nudité et jouant mon va tout, je mets de côté la gêne liée à mon accoutrement. Espérant tomber sur des gens compréhensifs, je me dirige vers la route en imaginant une piètre excuse à leur raconter.

Le temps passe alors que la fraicheur de la nuit m’enveloppe. L’inquiétude m’étreint et la faim me tenaille. « Pourvu que les filles se rendent compte de la situation et fassent demi-tour pour venir me chercher. » Le côté surréaliste de la situation me frappe et alors que je suis sur le point de désespérer, des phares se présentent et éclairent la route, venant de la direction d’où j’ai vu disparaître la voiture des filles.

Une Volvo rouge s’arrête, des portières s’ouvrent et des talons féminins en descendent, s’approchant dans la lueur blafarde des feux. « Vous avez besoin de quelque chose ? » s’écrie une voix qui m’est familière. Je me racle la gorge, tout en pensant dans mon for intérieur : « c’est à moi de parler et j’ai plutôt intérêt à être convaincant. »

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