mardi 22 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 9 : Le contrat

Sur le chemin, les deux amies discutent de mon utilisation future alors que j’à quatre pattes sur le plancher, je lèche leurs petits pieds. « J’aurais bien besoin de lui au bureau » dit la blonde. « Alors mwa l’avwar le weekend » Répond la brune en me caressant la tête. « Lui devenir homme de chambre » ajoute-t-elle en riant.

Sur ces bonnes paroles la limousine s’immobilise et je découvre en sortant un immeuble de bureau moins cossu que le précédent. Ma nouvelle Maîtresse attache la chaîne autour de mon cou et m’entraîne à sa suite. Les pieds entravés, je fais de mon mieux pour suivre ses longues enjambées, mais trébuche et fini par tomber aux pieds de ses jambes gainées de soie et de ses escarpins rouges d’où dépassent de petits orteils assortis.

« Chienchien pas ici voyons, on nous regarde. » Hilare, elle me laisse me relever en tapant du pied puis m’entraîne à sa suite à l’intérieur. Là un hôte d’accueil s’anime à son approche et vient lui ouvrir le portillon au moyen de son badge avant que Maîtresse Stéphanie ne le congédie d’un geste. Une superviseuse l’attire à l’écart, puis nous appelle l’ascenseur.




Nous sommes accueillis par un homme, la tête basse qui s’agenouille immédiatement. Une longe le relie à sa supérieure, une créature à la crinière noire de Jai, vêtue d’un tailleur au pantalon de cuir noir et d’un chemisier blanc, assise à une table de verre. Sous nos pieds, une moquette rouge, épaisse et veloutée étouffe nos pas.

« Avez-vous les contrats Suzie ? » Celle-ci lui présente respectueusement un porte-documents, puis introduit sa Directrice dans son bureau avant de tourner les talons, entrainant derrière elle son larbin. Mes yeux se fixent un instant sur le balancement des hanches et le son du cuir qi l’accompagne. Celle-ci me décroche un clin d’œil. Un coup sec sur mon cou me rappelle à l’aide et je pénètre dans le lieu.

Ma Maîtresse, me guide jusqu’à deux fauteuils de cuirs bas posés devant le bureau où elle me fait m’assoir avant de rejoindre son « trône ». « Tu es ici pour subir… Un entretien d’embauche ». Mal à l’aise, je me tortille. Ma tête dépassant à peine au-dessus du bureau. Elle ouvre et feuillette les documents que lui a remis sa secrétaire.

« Bien commençons par le commencement, je sais à peu près tout de toi : informatique, petits boulots et plus important, tes références en tant que soumis. » Puis se lève et vient se positionner derrière moi, laissant aller sa chevelure parfumée contre ma joue et appuyant sa poitrine contre ma tête.

Surpris, je bégaye, ce qui déclenche un petit rire cristallin. « Les mecs, vous êtes décidément faits pour servir. » Me contournant à nouveau, elle se penche au-dessus du bureau où elle vient saisir les feuilles qui y sont posées, levant les fesses, tout près de mon visage. Elle tourne la tête… « Tenté ? N’hésites pas, fais comme tu sais faire… »

Joueuse comme une chatte qui a trouvé une souris, elle se tourne à l’instant même où je me penche et je me retrouve nez à nez avec son petit minou en liberté, alors qu’elle relève sa jupe d’une main, l’autre tenant des feuilles attachées par un trombone doré portant une tête de tigre. Elle laisse tomber le pan de tissu sur ma tête. « Lèches bien chienchien, fais plaisir à ta Maîtresse et appliques t… »

Des coups à la porte. S’interrompant, elle me repousse d’un pied, me clouant au fauteuil et appelle. La gardienne pénètre dans le lieu, toujours suivie de son mâle. C’est l’instant que choisi Maîtresse Stéphanie pour me mettre sous les yeux les documents à signer, sans relâcher la pression de ses talons aiguilles. Brutalement, elle pose un stylo dessus et m’ordonne de lire à haute et intelligible voix et de signer mon contrat.




Stupéfait, je me mets à lire, distrait par la présence ensorcelante de ma Maîtresse. Son odeur, ses formes et ses gestes m’enivrent et alors qu’elle tend l’autre pied devant le visage, pour me tender ou caressant mon intimité prisonnière tout en riant. « Dépêches toi, sois un bon chien pour ta Maîtresse et tu auras ta récompense. » Hésitant je la regarde l’air triste.

« Oh mais il pense encore à son ancienne Maîtresse ? Comme c’est mignon » ironise une autre voix féminine derrière moi. Minaudant, Stéphanie se penche, dévoilant son décolleté, jouant de la séduction et de mon inconfort. Je baisse les yeux, suivant le balancement de ses pieds devant mes yeux.

Quand soudain, changeant de ton, la Maîtresse des lieux, appuie plus fort du pied ordonne d’un ordre sec et sans réplique « signe. » Sursautant, je laisse échapper le stylo et glissant à terre, appose mon paraphe à même le sol, sous les vivats et les sifflets. Me voilà à la merci de cette Diablesse et de son armée de succubes.

Un pied se tend devant mon visage, que je m’empresse de lécher et d’embrasser comme il sied sous les vivats et même quelques aboiements de voix plus graves. Près de moi, des jambes galbées gainées de cuir me grattent la tête. Je m’empresse de les honorer. Ouvrant les yeux, j’aperçois entre des mains aux mitaines de cuir très fines, un martinet.  « Tu vois bien chienchien que tu allais pouvoir marcher à quatre pattes. »




Saisissant ma laisse elle m’entraine vers une salle attenante où une dizaine d’hommes sont occupés à taper sur des traitements de texte pendant que d’autres rangent et classent des documents dans des armoires. Au sol un plancher craque à leur passage, tandis que cliquettent des talons des superviseuses.

Suzie, ma superviseuse m’entraine auprès d’une machine inoccupée en m’ordonnant de me mettre au travail. S’asseyant sur le siège, elle croise les jambes et me tend le talon qu’elle désigne d’un ordre muet du bout de son instrument de pouvoir.

Surprenant les regards en coin des autres mâles, je rougis alors que j’ourle les lèvres elle y insère son talon fin et effilé. « Bienvenue en esclavage, lèche-bottes. »


jeudi 10 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 8 : Jeux de Dames


Après plusieurs semaines à ce régime, je commençais à me renforcer, devenant un peu plus musclé tout en étant nettement plus docile. Je répondais au sifflet et au claquement de doigts, pour réaliser spontanément tous les tours que ma Maîtresse désirait me faire faire tel un singe savant. Une fois, elle invita même quelques-unes de ses amies pour me donner en spectacle et me livrer à leurs appétits.

Jusqu’à présent j’avais toujours obéi à ma Maîtresse Véronika et Hélène par bonne volonté sans y être trop contraint ou forcé, alors que cette fois ci j’étais soumis et dressé, maté même. Ce fut le début d’un nouveau changement. Maîtresse Yoo-Me jugea qu’il était temps de me faire franchir un nouveau cap. Sous sa férule, je fus donc astreint à servir avec ma langue les invitées de la maison. Et gare à moi si je ne m’appliquais pas, la main leste de ma propriétaire était bien là pour me rappeler qui est la patronne.




Un matin, après que les trois furies eurent délibéré en me faisant tenir droit devant elles, ces Dames me conduisirent à la salle de bains. Un lieu humain presqu’étranger à présent que je n’avais pas connu depuis longtemps. Me rasant de près, jusqu’à mon intimité, elles mes firent me décharger et encagèrent ma virilité. Sur leur instruction j’enfilais un costume complet trois pièces à ceci près qu’un œil averti pouvait déceler la petite chaînette dépassant de la braguette. Sous la cravate, un collier fin et discret et des menottes aux pieds reliés par une chaînette.

Le trio infernal, Sarah, Fadi et moi prirent place dans l’antique Cadillac toute pimpante, dont j’appris plus tard qu’il appartenait à Maîtresse Yoo-Me. Nous devions ce jour-là raccompagner la teutonne incendiaire à l’aéroport. Elle devait se charger de mes compagnes d’infortune, court vêtues de robes légères et plissées de coton immaculées, les emmenant au loin dans ses pérégrinations.

Dans un coin reculé, je leur fais un baise pieds en guise d’adieu, hors du regard trop curieux des passants et, après avoir porté les bagages jusqu’au contrôle, sous l’œil attentif d’une douanière, nous nous séparions à nouveau après un ultime regard.




De ma place, aux pieds des Dames, occupé que j’étais à lécher les pieds vernis, je ne saisis pas un mot de la conversation pourtant animée qui se déroulait à l’étage du dessus, sur la banquette arrière de la luxueuse limousine. Tétant les petits petons, je reçu des caresses et les deux amies hilares, exhibant à demi les trésors généreux cachés dans leurs corsages.

Au dehors, la voiture luxueuse happée par la circulation semblait se hâter à un train de sénateur. Aussi c’est presque avec surprise que je sentis la voiture s’immobiliser. La porte ouverte, on m’invita à sortir afin d’ouvrir le passage à mes Maîtresses, tenant pour elles, mallette et ordinateur portable. « Nous voilà donc conviés à un rendez-vous d’affaire. Ca me rassure plutôt. »

Ayant passé le sas de ‘opulente tour de verre, mes gardiennes se présentent devant le comptoir, devant un réceptionniste observé de près par sa superviseuse. En attendant, les deux filles s’installent dans les canapés profonds et confortables et m’envoient quérir un café au distributeur, histoire de me tenir occupé. Entravé comme je le suis, je ne puis me sauver et surtout, je frémis à l’idée que quelqu’un puisse noter les chaînettes fixées à mes mollets.

C’est donc à pas comptés et mesurés que je m’acquittais de cette tâche, tout me tenant debout à leur côtés. C’est ainsi que notre rendez-vous nous trouva et nous conduisit à travers les étages jusqu’à un bureau cossu et moderne, meublé avec goût. Un goût très Féminin d’ailleurs à ce que je puis en juger où une interlocutrice toute occupée à dicter une lettre à son secrétaire nous reçut cordialement.

S’interrompant, elle congédia son collaborateur pour nous faire franchir une autre porte, de l’autre côté du couloir. Des coups frappé à une porte et nous voilà introduits dans une salle de réunion remplie de femmes en tailleurs stricts et courts de circonstance, assises autour d’une grande table ovale, dans des fauteuils confortables, des mâles debout à leurs côtés, attendant les ordres et donnant à la demande des documents, passant les slides Powerpoint à l’écran où portant des rafraîchissements. Un silence suivi notre entrée et nous primes place parmi cette docte assemblée.

En retrait derrière mes Maîtresse, j’attendais les ordres et elles, leur tour de parler. Les conversations reprirent ainsi que les exposés des différentes intervenantes. J’en profitais pour observer mes homologues, le regard baissé et les Dames auprès desquelles ils servent.

Mon intimité déjà contrainte qui me gênait depuis notre départ, attendit cet instant pour se réveiller et tressaillir, à l’instant même où Maîtresse Stéphanie tendait la main en arrière, attendant que je lui donne le contenu de la serviette décidément bien lourde que je porte à mes côtés.

Rachel en cet instant se retourna et m’assenant un claque me prit l’objet pourtant pesant des mains avec autant de facilité que si j’eusse été un enfant. Elle en sorti un volume à couverture de cuir que je reconnu aussitôt, le remettant à nos hôtesses. Stéphanie me foudroya du regard et poursuivi alors, comme si de rien n’était son exposé sous les murmures, les clins d’œil et les sourires en coin.

La réunion terminée, nous fûmes introduits dans un large bureau directorial aux formes et aux meubles tout en rondeur, portant une moquette épaisse et confortable, aux couleurs chatoyantes et à l’odeur florale et printanière.

Derrière le grand bureau, une large baie vitrée laisse entrer le soleil à flots. Auprès d’elle, deux silhouettes masculines, presque effacées dont l’une vient à notre rencontre et nous invite à nous assoir en allant immédiatement chercher des rafraîchissements. Rachel aussitôt claque des doigts en me faisant signe d’écarter la chaise pour l’aider à s’assoir.

Manquant un temps, je m’exécute, m’attirant des commentaires grivois de part et d’autre. Stéphanie, avec déférence propose alors mes services à la Maîtresse du lieu qui accepte le cadeau d’un hochement de tête. Je me retrouve ainsi à nouveau sous le bureau à servir, la tête coincée entre des jambes et une intimité que je m’empresse de satisfaire, aussitôt accompagnés par de petits cris et des feulements de chatte espiègle, récompenses de tous mes efforts.




Puis tout aussi brusquement, je fus repoussé au fond de ce réduit, coincé près de ces petits pieds tendus comme une invitation. Au-dessus la conversation dont je suis tenu à l’écart s’engage alors que je suçote ces petits petons présidentiels manucurés gigotant sous mes coups de langue.

Je ne sais combien de temps je restais là, mais la chaise se recula et je fus libéré. Objet de plaisir, on me complimenta, ce qui me fit rosir de plaisir sous les sourires renouvelés de mes éducatrices. « Oui ma chère, il est encore jeune mais nous avons bon espoir. Vous a-t-il satisfaite ? » Répondant par l’affirmative et contre la promesse d’un prêt futur, nous primes congé pour retrouver notre véhicule avancé près de l’entrée, prêt à nous emmener au bureau de ma nouvelle Maîtresse.

Laissant passer mes Maîtresse et les aidant à s’installer, je me recroquevillais à ma place, à leurs pieds, la voiture démarrant dans un silence feutré pour s’engager dans la circulation, pour une destination connue d’elles seules. Plus que jamais je me sens comme un pion sur un jeu d’échecs, ou plutôt sur un jeu… De Dames.



mercredi 9 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 7 : dressage

A peine arrivés, le capot de la benne du pick-up s’ouvre et nous voilà débarqués par deux hommes en short, portant des sandales et une cagoule sur la tête. Le soleil déjà haut dans le ciel brûle mes yeux habitués à la pénombre. Je les garde donc mi-clos, étant dans l’impossibilité de les protéger de mes mains prisonnières.

Appels et ordres sont prononcés par des voix Féminines sans réplique, que je reconnais ainsi que les réponses chuchotées et ponctués de « oui Maîtresse » prononcées avec déférence. Les odeurs de transpirations mêlées, la respiration haletante et les jappements des chiens dont je ne perçois que des ombres me décrivent une carte olfactive et auditive de ce monde nouveau.

Je suis porté à dos d’hommes comme un sac de patates dans les entrailles de cette habitation, à travers des escaliers interminables qui semblent descendre jusqu’aux enfers. Les pas de mes gardiens résonnent dans ces couloirs sur le béton nu alors que peu à peu mes yeux se font à la luminosité moins agressive du lieu.


Parvenu dans une salle de taille modeste je suis déposé sans ménagements sur un sol revêtu de carrelages bleus pourvus de motifs géométriques portant des animaux marins fabuleux en guise de décors. Maîtresse Stéphanie se tient debout face à moi vêtue d’une robe courte et décorée d’oiseaux de paradis aux plumages multicolores et perchée sur des mules à hauts talons qui laissent entrevoir ses petits orteils peints en noir et finement manucurés.

D’un ordre, je suis sorti de mon sac, débarrassé de mes frusques et mes attributs masculins libérés de leurs entraves à grands coups de ciseaux par ses serviteurs zélés. Ceux-ci quittent ensuite la pièce sur un claquement de doigts autoritaire et me voilà seul en sa présence. Autour de moi, nulle trace de Sarah ou de Fadila ou de mes kidnappeuses.

Stéphanie s’avance en tenant dans la main un long tuyau d’arrosage relié au mur. Je me recroqueville dans un coin et sans un mot, fait jaillir un long jet glacé et mousseux, auquel je tente par tous les moyens de me soustraire en me collant au mur. Mais c’est peine perdue. Le jet s’interrompt et ma dresseuse entreprend avec un autre tuyau tenu dans l’autre main de me rincer à l’eau claire. Enfin, elle se tourne un instant pour se saisir d’une serviette qu’elle me jette. Son geste est ponctué d’un « essuies toi chienchien » méprisant.

Frissonnant je m’exécute, n’osant lever les yeux. Puis un d’un index pointé vers ses pieds elle m’ordonne d’approcher et de me redresser sur les genoux. Lentement elle me contourne, en tenant une main derrière son dos. Mon regard est attiré par une fine ceinture rouge portant une petite tête de tigre argentée en guise de boucle. La proximité de ses formes et de son parfum m’enivrent alors qu’elle semble se mouvoir avec la légèreté et la grâce d’une danseuse.

Parvenue derrière moi, je la sens passer à mon cou la forme rassurante d’un collier qui se referme d’un petit claquement sec. Sa main fine effleure ma joue et je ne résiste pas au plaisir de l’embrasser spontanément, me sentant à présent moins nu, tant cette présence m’est à présent familière. Son petit rire m’informe de son contentement. Mon membre déjà bien dur, s’arque et vibre de plaisir entre mes jambes. « Je remue la queue comme un bon chien à sa Maîtresse. »

Me contournant, elle me présente les pieds, que je m’empresse d’embrasser. Toute velléité de résistance s’étant envolée depuis bien longtemps. « Un beau petit mâle bien dressé » commente-t-elle satisfaite. Mais alors que je me baisse en relevant la croupe pour obtempérer, je sens un objet oblong et froid s’insérer dans mon fondement pour y rester ferment enfoncé, malgré mes efforts pour l’en déloger. La caresse de poils de poils sur mes cuisses nues me fait frissonner. Imaginant des lanières, je bondis en avant, mais une traction sur la laisse et sa voix haut-perchée me font rapidement stopper.




Au passage, je me découvre tout propret devant un miroir. Ma Maîtresse s’y arrête pour vérifier sa chevelure et son rouge à lèvre et m’invite à me contempler. Je m’y découvre nu, porteur d’une queue à longs crins noirs dépassant de mes fesses. La honte me submerge et je rougis en me cachant derrière les jambes longues et épilées de ma Maîtresse, ce qui déclenche son hilarité. Satisfaite, elle m’entraine à sa suite au dehors, derrière la maison, où me genoux endoloris on la joie de retrouver la caresse de l’herbe fraiche et la douce chaleur d’un soleil d’été.

Devant mes yeux des tunnels, passages surélevés, cerceaux autre éléments d’un parcours d’obstacle au ras de terre se dévoilent. Voici donc l’heure de ma séance d’agility. Mon dressage dans ce centre canin va donc pouvoir commencer car telle est la volonté de celle qui tient ma laisse.

Elle m’entraîne et me fait reconnaître le parcours en me tenant. Lâchant de temps à autre la longe pour que je traverse les tunnels et me récupérant à la sortie. Je suis amené à sauter par-dessus des murets que mes collègues canins surmontent avec bien plus d’aisance que moi. Poussé par les cris et stimulé par les ordres, ce premier tour est suivi d’un autre, entre coupé de gamelles d’eau que je vide en l’aspirant d’un trait.




Enfin, défaisant le lien, ma Maîtresse rejoint ses amies autour d’une table dressée sur la terrasse en se régalant d’un plantureux repas servi par mes compagnes d’infortune, vêtues d’une grosse ceinture et d’un large collier. Essoufflé, le ventre vide, Maîtresse me siffle en levant une main porteuse de mets qui me font saliver. Je la rejoins à quatre pattes et me faisant faire le beau, debout sur mes genoux, délivre une maigre pitance sous l’œil attentif et moqueur de ses amies et de leurs captives.

Enfin rassasiées, elles me font reprendre les exercices, me poussant à aller plus vite sur ce parcours d’obstacles où me rejoignent mes compagnes d’infortune. Et ce n’est que le soir après m’avoir fait me soulager dans le jardin qu’elles me ramènent à l’intérieur la langue pendante pour me faire goûter à une soupe constituée d’un gruau servi dans un bol à même le sol, que je peux savourer enfin dans une cage en sous-sol, un repos bien mérité.

mardi 8 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 6 : Figures de proue

Au matin, je suis réveillé par une pluie fine et malodorante, qui s’écoule sur mon visage et rentre entre mes lèvres et mes narines. Je tousse et crache sous les quolibets alors que l’on me tire par les cheveux. « Tu n’aimes pas ce que je t’offres ? On m’avait pourtant affirmé le contraire ! »

Encore ensommeillé, la queue tendue et raide, j’ouvre les yeux et lève la tête dans un couinement pathétique. Des étoiles dansent devant mes yeux et je découvre petit à petit ma nouvelle Maîtresse autoproclamée et les deux chasseuses de primes hilares. « Bonne douche du matin » déclare Yoo-Me. « Ca bon pour twa. »

Une claque achève de me réveiller, et alors que je sens encore mes oreilles bourdonner, elle me présente son triangle sacré et m’ordonne de les lécher. « Tu as intérêt à t’appliquer », et Pauline d’ajouter « fais comme tu sais faire lèche bottes ! » Intimidé, je m’exécute et pose la langue sur ses lèvres roses pour en ôter toute trace.




Sa respiration s’accélère. Elle me fait me tourner sur le dos et me chevauche en me baisant la bouche, à cheval sur mon visage sous la surveillance de ses acolytes et des deux autres captives. Toutes se délectent du spectacle.

Puis remettant nos laisses, elles nous entrainent tous trois, à quatre pattes sous un grand ciel bleu vers le ponton où est amarré le voilier. Je dois cligner des yeux et ralenti en sortant de la cahutte, ce qui me vaut réprimandes et fessée. Pauline porte sous le bras le précieux volume, promesse de tant de trésor, qui m’a déjà valu tant de déboires. Je n’ose lever les yeux pour le regarder.

Nous embarquons, mais au moment de nous faire descendre vers la cabine, Stéphanie a soudain une idée. « Attachons les au mat. Ça serait dommage de ne pas avoir de figure de proue. » Les autres acquiescent en riant et nous voilà quittant la crique, alors que les vagues balayent nos visages. J’entrevois, les yeux assaillis par l’eau salée, les dégâts des séismes et des coulées de laves encore fumantes.

A peine atteignons-nous le large, que la mer se forme et que de gros nuages noirs s’amoncellent au-dessus de nos têtes. Pauline et les deux autres femmes ont fort à faire pour manœuvrer le bateau et je reçois les assauts des vagues qui sont comme autant de formes féminines aux formes généreuses, caressantes comme des amantes trop empressées.

Je perds le compte des heures, seulement conscient d’être détaché et ramené à bord, puis descendu dans la cabine. Je semble flotter comme dans un rêve étrange. Ais-je été capturé par des néréides ou d’autres créatures marine à corps de Femmes ? Je ne sais, tant j’ai l’impression de flotter entre deux mondes, manipulé par des mains experte, fagoté et déposé dans un coffre. Leurs paroles me semblent tellement lointaines que je n’en saisi pas le sens.

Un téton se présente devant ma bouche que je happe par réflexe, ce qui me vaut des caresses et quelques mots doux. Puis un tuyau est introduit dans ma bouche desséchée d’où s’écoule un liquide familier et je sombre aussitôt dans des abysses peuplés de sirènes affriolantes où Maîtresse Véronique, une couronne sur la tête, les seins fendant l’écume et des nageoires en guise de jambes, m’entraine avec un grand sourire aux lèvres.




Un bruit, un raclement et un gland « plouf » me tirent du monde des ombres dans sursaut. Des bruits de pas légers, des raclements, on m’extrait sans ménagement de mon réduit pour m’emmène captif, dans la nuit, vers je ne sais trop quel nouveau lieu de perdition. Recroquevillé dans un recoin, emballé dans ma toile de jute, je sens des bras puissants se saisir de moi et m’emmener sur des épaules. On me descend dans une barque ou je rejoins deux autres colis aux têtes familières.

Nos bouches distendues par les boules ne peuvent articuler l’angoisse qui se lit dans nos yeux. D’autres passagers prennent place et sous les ordres de la voix que je reconnais comme étant celle de Stéphanie, le frêle esquif s’éloigne vers le rivage, au bruit des efforts des efforts des rameurs et du clapotis qui heurte la coque. Au loin le ressac annonce la plage où nous nous échouons.




Le ressac crisse sur les galets. Des ordres secs sont prononcés par celle qui a présent e possède et nous voilà débarqués, hissés dans la benne d’un pick-up par une nuit de pleine lune. En souriant, elle contemple ses prises, puis referme le capot. Le moteur démarre m’entrainant à nouveau vers la servitude, aux ordres d’une nouvelle Maîtresse, tout aussi vicieuse, mais nettement plus sévère, d’après ce que j’ai pu juger, que toutes celles que j’ai pu connaître jusqu’à présent.

Depuis mon réduit, des bruits de klaxons confirment que nous avons bien rejoint la civilisation. « Oui mais sous quels cieux ? » Alors que près de moi, les formes de la brune et de la blonde s’agitent dans le noir. Je sens leurs corps remuer et me heurter. Enfin, le véhicule s’arrête, des bruits de pas, des aboiements, et le crissement des pneus sur le gravier m’informent que nous sommes arrivés.


lundi 7 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 5 : L’île noire

La brune marche à quatre pattes, tentant de s’éloigner en toute discrétion, hors de ce tumulte. Mais au moment où elle pose la main sur la poignée de la porte et qu’elle s’apprête à s’élancer au dehors, une botte se pose sur sa laisse traînant à terre, la clouant au sol. ? »

« Où croyais-tu aller ? Twa petite écervelée, pas réfléchir beaucoup. » Les autres filles se retournent et la regardent interloquées, alors que nous tournons la tête dans leur direction. Nos tourmenteuses se sourient, tandis que s’évanoui dans nos yeux tout espoir d’évasion. Sans un mot, nous nous adressons un regard interrogateur, tout en priant silencieusement toutes les déesses et les dieux de l’Olympe et d’Asgard réunis.

Les trois pirates se tournent vers la servante de Sarah. La botte qui me cloue au sol m’abandonne suffisamment longtemps pour que je puisse me redresser et voir sur la table un livre couvert de cuir tanné par les ans et sa couverture écornée portant des feuillets parcheminés élimées et cornées.




La main de Stéphanie, posée dessus m’empêchent de lire, mais je peux y remarquer des glyphes, dont un triangle inversé portant un trait partant de son sommet le plus bas jusqu’à son centre, ainsi qu’un plan de l’île entourée de flots où nagent des animaux fabuleux. Je surprends les mots « d’île noire » et de « rocher des tempêtes », sans trop rien y comprendre.

Soudain, un coup de poing rageur sur la table me tire de ma contemplation dans un sursaut et je me retrouve à terre. Puis d’un index impérieux, de la colère dans la voix, la blonde Stéphanie ordonne les dents serrées « embrasse mes bottes, et restes à ta place petit mâle. »

Aussitôt, Pauline se tourne et la regarde tout sourire « Lèches bottes c’est un nom qui te va comme un gant. » Les autres approuvent, tandis que Yoo-Me ramène Fadi vers le mur opposé et l’y enchaîne sous le regard courroucé de Sarah, qui pourtant ne pipe mot.




C’est à mon tour de faire l’objet des rires, et alors que paralysé, je ne m’exécute pas, la morsure d’une lanière sur les fesses me décide à obéir. Tirant la langue, désormais maté, je lèche ses cuissardes noires, à quatre pattes, les fesses en l’air. Je tremble à l’idée de recevoir une nouvelle correction.

Sous le regard méprisant de mes trois ravisseuses, Sarah est assignée au service. Les dents serrées, le regard baissé, elle s’exécute, entravée par des chaînes courtes aux poignets et aux chevilles, toujours vêtue de ses nippes. Allant et venant entre le foyer où chauffe un ragout dégageant une odeur épicée dans la pièce.

Du dehors, nous parviennent les secousses lointaines, le bruit des vagues et le vent qui forcit. Les trois amies nous déposent à Sarah et à moi les assiettes aux pieds avec les reliefs de leurs repas. Épuisés, le ventre vide nous ne nous faisons pas prier. Sarah interroge du regard Yoo-Me qui d’un geste méprisant l’autorise à porter sa pitance à sa compagne.

Plus tard, après nous avoir fait prodiguer des soins labiaux, les trois dresseuses après avoir longuement disserté à mi-voix, avec des airs de comploteuses, nous enchaînent pour la nuit aux anneaux, fixés sur les murs, tout en prenant soin de nous séparer. Pauline nous distribue alors des couvertures tout en nous commandant de dormir.

Enfin elle retourne auprès de ses amies et se glisse à leurs côtés sous une couette épaisse et duveteuse. Il ne reste que le bruit des cendres dans l’âtre et la danse des ombres s’allonge sur les murs, puis les minutes passent et les heures.

Plus loin, mes deux codétenues tentent bien de communiquer en murmurant et en grattant la pierre sur le sol. Cette tentative ne leur occasionne que des réprimandes du trio infernal qui se redresse, poitrines nues et chevelures défaites et la promesse d’un « bain de minuit » si elles ne cessent pas immédiatement, appuyant ses mots d’un claquement de fouet.




La menace fait son effet et dans un concert de grognements et de rires de parts et d’autres de la pièce, le calme revient et je glisse lentement au pays de Morphée en me pelotonnant à demi et en rêvant de formes généreuses et des courbes appétissantes de furies déchaînées.

Malgré moi, je me sens durcir et passe la langue sur les lèvres en me caressant doucement, de peur de faire du bruit, calmant mon angoisse comme un grand singe. Étouffant un râle, j’essuie tant bien que mal les reliefs de mon plaisir solitaire, tandis que Sarah pouffe de rire dans son coin sans encourir cette fois les foudres des trois amantes.

Bientôt, il ne reste que des cendres et le sifflement du vent au dehors, des reniflements et éternuements. Un dernier sifflement dans l’âtre, puis le feu rend l’âme. Des gloussements et des soupirs remplissent à nouveau l’espace, puis le silence et des respirations régulières quand enfin le sommeil me prend.


dimanche 6 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 4 : L’île mystérieuse

Alors que nous nous concertons, sans oser faire trop de bruits, restant attentifs aux moindres bruits, à travers la bise et la pluie, des chuchotements puis des cris nous parviennent sans que nous parvenions à en déterminer la provenance. Nous nous blottissons l’un contre l’autre, échangeant nos chaleurs animales et finissons par nous endormir, l’estomac vide, vaincus par la fatigue.

Au petit matin, la pluie a cédé le pas à une brume épaisse qui recouvre les pentes désolées de la montagne, à l’intérieur de l’île, désertée par la neige. Nos poursuivantes semblent avoir renoncé à nous poursuivre. Pourtant un je ne sais quoi d’inquiétant rend l’atmosphère lourde.

Des grondements sourds, se font entendre. Au loin des rougeoiements apparaissent. La terre semble se rebeller. Comme si nos jeux infantiles avaient éveillé une antique divinité de la terre, ouvrant la porte des enfers, débordant par leur gueule de la forge des dieux. Hel ou Perséphone marcheraient elles parmi nous ? Toute vie semble en tous cas avoir déserté cette contré oubliée des autres dieux.




Nous nous recroquevillons à l’intérieur de notre abri. La moiteur nouvelle et les rougeoiements au dehors éclairent en alternance notre réduit, faisant danser des ombres sur les parois. Écarquillant les yeux horrifiés, nous constatons alors une anfractuosité dans le fond et un souffle de fraîcheur qui en émane.

Aussitôt, après avoir échangé un simple regard, nous nous engageons le cœur battant dans les entrailles de la terre. Nos maigres nippes collées à la peau éveillent nos sens alors que le danger parait plus lointain.

Dans cette tendre moiteur, un filet d’air frais nous fait frissonner et dans les lumières dansantes passant à travers l’ouverture de notre réduit, apparaissent alternativement tel un film opéré par un projectionniste fou, des fresques antiques, presque surréalistes en ce lieu maudit des dieux, faites d’animaux et de forêts. Des scènes de champêtres, de chasse ou de pêche et plus loin d’êtres enlacés aux poses suggestives et sexes surdimensionnés.

Ces filets de lumières dansantes dessinent des zébrures sur ses jolis seins pointant à travers la moiteur du seul tissu grossier dont elle est vêtue. Cette vision du passé de l’île et de ses premiers habitants a sur nous son effet apaisant, au milieu de toute cette furie, quand tout à coup, nous entendons au loin des cris et des rires répercutés en écho à travers les parois alors qu’autour de nous la terre tremble et que des pierres se détachent du plafond.

Reconnaissant alors les voix de nos geôlières déformées et presque sépulcrales, nous nous interrogeons du regard et soudain, mue par une envie irrépressible, Sarah s’élance dans le noir vers l’inconnu, en me saisissant par le bâton de joie, fortement tendu vers ses formes aguichantes.

D’un « viens » sans réplique murmuré à mes oreilles, elle m’entraine en me prenant par la main vers les profondeurs et l’inconnu, à la découverte de nouveaux mystères. Je sursaute et pousse un petit cri, qui me vaut la réprobation de son œil sévère, l’index en travers de ses lèvres. Elle caresse ma queue langoureusement et m’entrainement plus profondément dans l’inconnu.

Notre progression est rendue difficile par le sol inégal et nous heurtons ici de la tête ou du pied, stalactites et stalagmites et autres concrétions. L’humidité est partout et nous grelottons à nouveau rapidement sous les hardes collées à nos peaux, ce qui nous amène à nous tenir par la taille pour ne pas nous perdre. Ses formes mes font un peut tourner la tête et pour ne pas que je la quitte, Sarah prend mes mains et les pose sur ses seins, tout en m’entrainant toujours plus loin.

Observant au loin une faible luminosité dans le noir et nous guidant à l’écho déformé des voix, et le plic-plac des gouttes qui éclatent en touchant le sol, en sentant par moment des formes frôler nos pieds nus. Poussant de concert un petit cri de surprise, nous sautillons et perdons l’équilibre pour atterrir dans une eau froide et profonde dont le courant nous entraîne, séparés pour la première fois.

Au loin, un grondement parvient à nos oreilles et je tente de lutter contre le courant pour regagner la berge. Au bruit des jurons et au clapotis près de moi, je comprends que Sarah fait de même. Mais c’est peine perdue et le grondement assourdissant, fait suite à une chute qui nous semble durer une éternité.

Ayant perdu conscience, je me réveille auprès de ma compagne d’infortune. Au loin, une faible lueur et les voix de nos tourmenteuses semblent provenir d’une anfractuosité dans la roche. Prudemment nous nous approchons en rampant aussi silencieusement que possible et tout en grelottant de froid afin de les observer à leur insu.




La scène qui se dévoile à nos yeux nous laisse pantois. Fadi humiliée et tentant de résister aux trois prédatrices voulant la faire abjurer sa fidélité à sa Maîtresse et de leur dire ce qu’elle sait sur notre fuite, en usant de tous les tourments dont leur esprit est capable. Lentement sa détermination défaille et au moment où elle leur baise les pieds, Sarah excédée, étouffe un juron et tape la paroi.

A sa grande surprise, celle-ci bascule dans un raclement. Plus bas les occupantes se figent en regardant en tous sens, alors que le sol se dérobe sous nos pieds. Nous chutons lourdement sur les couches disposées derrière le quatuor. La trappe se referme mécaniquement dans un clac assourdissant.

Reprenant mes esprits, alors que je tente de me relever, une paire de bottes à hauts talons me cloue au sol. « Alsooo, voyez donc qui vient nous rendre visite les filles. Quelle surprise, nos petits chiens reviennent au bercail. » Déclare une voix. « L’appel de la gamelle sûrement. » répond une autre. Le trio éclate de rire, alors que tout près, Fadila profitant de l’occasion tente de s’éclipser.


samedi 5 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 3 : Sorcellerie

Notre capitaine m’apparait triomphante, souriant de toutes ses dents. « On peut dire que tu m’auras fait courir pataud, ja ? » Devant ma mine déconfite, les filles laissent éclater un fou-rire. « Dire qu’il a cru être tiré d’affaire, alors que nous ne l’avons jamais lâché d’une semelle » déclare Yoo-Me. « Quel naïf » ajoute Pauline.

Mortifié, je vois les trois femmes s’étreindre et s’embrasser. Ma nouvelles Maîtresse entraîne alors tout le monde vers la table où nous attend une bouteille de champagne et des flutes. Elle m’ordonne de les servir et tandis que ne fait sauter le bouchon, devise gaiement avec ses amies. « A la nôtre les filles » déclare telle en levant sa coupe « et à notre association » ajoutent Pauline et Yoo-Me en trinquant.

Pauline, Meisterin Hexe, se fait d’ailleurs fort de leur raconter comment elle m’a capturé la première fois, au nez et à la barbe de ma Maîtresse et comment il fût facile de me convertir et de me dresser, moi le chienchien docile, qui ne peut même pas me défendre contre une « faible femme ». Perverse, elle ajouta même combien ma langue pouvait-être agile, ce que les autres voulurent aussitôt vérifier.




C’est ainsi que, parti pour des aventures idylliques dans les jardins fleuris d’Eden, me voici à présent, au fil de mes aventures, à la merci de ces créatures inconnues, célébrant mon infortune et planifiant je ne sais quels projets me concernant. Je ne suis pour l’heure qu’une prise de guerre, le butin de rapines, enchaîné et captif aux mains de pirates, véritables démons femelles.

Tantôt minaudantes, tantôt menaçantes, je suis amené à les servir, courant de l’une à l'une à l’autre sous les quolibets, tirant sur ma laisse, me faisant subir l’assaut de leurs mains baladeuses, nu et enchaîné que je suis, me promettant la chaleur de leurs couches si je le sers bien ou la fraîcheur de la nuit dans le cas contraire.

Je tentais pourtant bien une fois de me révolter, pour me retrouver au dehors dans la nuit, sous la bise et l’air marin. Je tentais de trouver refuge dans l’une ou l’autre des pauvres maisons de pêcheurs, à l’écart du hameau misérable, où je passais la nuit, enveloppé d’une maigre couverture et de quelques frusques de marin abandonnées dans un coffre malodorant.

Au petit matin, elles mes donnèrent la chasse, m’obligeant à courir dans mon accoutrement  sur cette île désolée. Je dû m’enfuir à leur approche et quitter le confort relatif de la masure misérable qui me servait de refuge. Mais entravé comme je l’étais, je ne puis aller bien loin et fut bien vite repris et vivement puni de la main même de ces trois furies.

Me faisant lécher leurs bottes en signe de reddition, elles m’emmenèrent et attachèrent désormais ma chaîne aux anneaux fixés aux murs. En rentrant, je remarquais que les deux autres filles étaient elles aussi attachées et demandais dès lors de quel style captives il pouvait bien s’agir ? Je n’avais en effet jusqu’à présent jamais croisé le chemin de captives, croyant dès lors que seuls les mâles étaient promis à cet avenir. L’univers dans lequel je suis à présent plongé ne cesse de me stupéfaire.




Pourtant au fil des jours dont je perdis le compte, tant je fus sans cesse sollicité, une idée germa dans l’esprit de mes geôlières, consistant à organiser une chasse à l’homme sur le caillou, ce bout de rocher perdu, isolé au beau milieu de l’Atlantique. Qu’Océanos ou Aergir m’entraînent à leur suite, tant cette idée me fit frissonner.

Sarah, Fadila et moi, enchaînés, fumes conduits en trois points différents de l’île attachés par une corde aux rochers, avec une heure devant nous pour nous échapper. Celui ou celle qui parviendrait au refuge, pourrait disposer des deux autres. Telles étaient les clauses du marché. Je tentais de demander à être remis à mes Maîtresses légitimes en cas de réussite, mais en vain et en fût quitte pour une nouvelle fessée de la part de Maîtresse Stéphanie, qui en plus m’admonesta un « c’est moi ta Maîtresse légitime à présent, ne l’oublie pas ».

Au petit matin, nous fûmes donc conduits tous les trois par nos ravisseuses en trois points opposés de l’île et attachés à des rochers battus par les éléments près des falaises qui bordent cet enfer dépourvu de végétation. Que je sois en Hadès ou au Nilflheim, ma situation ne pourrait être bien pire.

Mû par l’énergie du désespoir, je tâchais tout d’abord de défaire mes liens, puis, essayant les bords tranchants de plusieurs pierres aux bords aiguisés, je parvins au prix de nombreux efforts, à me libérer. Puis entendant leurs voix, je me mis à courir le plus vite que je pus vers l’intérieur de ce rocher battu par les flots, tentant de mettre de la distance avec mes poursuivante. Je dois dire que leur mansuétude, les pauvres tongs en semelle glissante ne me furent d’aucun secours.

Plus d’une fois je glissais sur la pierre noire et lisse, évitant de laisser des trace dans la neige que je découvrais çà et là et m’enfonçait toujours plus haut dans ce lieu sordide, escaladant le rocher. Je me blessais et ne gagnais qu’engelures et écorchures légères. Malgré la fraîcheur, de la sueur perle sur ma peau, dans un effort ultime d’échapper à mes tourmenteuses.

Aussi, c’est avec bonheur que je vis apparaître une main secourable. Tout d’abord hésitant, je fini par la saisir et c’est dans l’abri d’une grotte que nous nous blottîmes l’un contre l’autre, pour la nuit. Haletants et frissonnant, nos cœurs battant la chamade, bien vite, la proximité de nos corps et la chaleur animale eurent le dessus de nos réticences, oserais-je dire pudeur ? J’avoue que depuis quelques temps, je ne sais plus bien ce que ce mot signifie.




Nos lèvres et nos corps se mêlèrent, dans cette grotte sur du sable noir, alors qu’à l’extérieur, le vent du large amenant de gros nuages noirs d’orage soulève la poussière et qu’au loin Aergir puis Thor lassent éclater leur colère. Là sur le sable noir de la grotte, nous discutons entre deux étreintes, faisant enfin la connaissance charnelle l’un de l’autre dans l’obscurité déclinante du jour.

Plus bas, des bruits de bottes, des cris, des lumières rasantes de lampes-torches et des éboulis, nous font savoir que nos poursuivantes sont toujours là, tout près et que nous ne sommes pas du tout tirés d’affaires. « Il faut que je retrouve Fadi, ma servante. Il n’est pas question que je la laisse entre leurs mains ».

Mais au moment où elle lève la tête, deux ombres passent à notre portée : la première, une grande blonde, vêtue de cuir, avec une casquette vissée sur la tête et un foulard sur le nez tire derrière, en laisse elle la brune à demi nue, avec une boule dans la bouche, jetant aux alentours, des regards de gazelle apeurée.


mercredi 2 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 2 : L’île des mers gelées

Satisfaite, Maîtresse Yoo-Me me fait monter sur le pont en tirant sur ma laisse. Entravé comme je le suis, je ne puis qu’obtempérer, rampant à quatre pattes.

Parvenu sur le pont, je suis aveuglé par la lumière du soleil, habitué que je suis à la pénombre. Je vois tout autour de moi s’affairer des silhouettes à la démarche gracieuse, se déhanchant telles des ombres, martelant le pont de leurs pieds nus, dévidant les cordages, les voiles qui claquent tout autour, sentant sur ma peau, le vent, les embruns et la caresse de l’astre du jour. L’air marin agresse mes narines.

Le tangage et les changements de caps me font perdre l’équilibre et je heurte le bastingage et me retrouve sur le d os, les quatre fers en l’air et les membres emmêlés dans mes chaînes. Observant de loin dans le contre-jour, celle qui se tient debout à la barre, une large casquette vissée sur la tête, je tente de me relever avec peine, sous l’air moqueur de l’équipage.




La capitaine observe l’horizon aux jumelles. Les posant, elle distribue des ordres d’une voix impérieuse. Le moteur soudain tousse et reprend vie dans un staccato régulier, tel un génie des eaux tiré de son repos alors que sur le pont, les voiles repliées, l’équipage s’appuie sur le bastingage, observant une île à présent visible qui se rapproche et grandit sous mes yeux ébahis.

Entrant dans l’abri relatif d’une petite crique, la coque fine et blanche vient s’aligner contre un ponton de bois aux planches défraîchies et glissantes. Devant moi quelques cahutes de pierre misérables se pressent, alors que tout autour, des taches blanches de neige entourant des rochers sombres, fondent au soleil. Au loin, des nuages noirs s’amoncellent.

Débarquant dans ce village à l’abandon aux façades décrépies, une cape sur le dos et des tongs aux pieds, enchaîné, je suis mon escorte de charme chaudement vêtue dans ces lieux incongrus et nous nous dirigeons vers une des maisons dans la bise qui se lève amenée par le vent du large. Je remarque en approchant un filet de fumée qui s’échappe de la cheminée.

Maîtresse Yoo-Me tient ma laisse alors que la mystérieuse capitaine vêtue de cuir et de cuissardes qui gainent des jambes interminables. Le visage masqué d’un foulard de soie cramoisie masquant sa chevelure et des lunettes de soleil aux effets de miroir, la capitaine descend élégamment les quelques marches de basalte en ondulant du bassin et en claquant des talons. Elle tape au moyen d’un heurtoir et pénètre aussitôt, sans attendre, la première dans le refuge. Nous lui emboîtons le pas.




Dans la pièce plongée dans la pénombre, crépite dans l’âtre une bonne flambée de bois sec. L’intérieur que je découvre y est particulièrement spartiate. Sur la gauche je devine des couches blotties le long du mur, tandis qu’à droite une longue table et des bancs de bois d’aspect rustiques. Un sol de pierre brute agrémenté de peaux de bêtes complète le tableau.

Habitué à la pénombre je devine une chaise faisant face aux flammes une silhouette jusque-là immobile, vêtue d’une longue cape, s’anime et nous souhaite la bienvenue d’une voie doucereuse et Féminine : « bienvenue à nos Chasseresses, avez-vous capturé le gibier ? » Maîtresse Yoo-Me s’avance et me pousse en avant. Dans le silence, mes chaînes tintent sur le sol. Je tombe durement à genoux aux pieds de l’inconnue qui se lève et me fait face en m’observant sous sa capuche.

Elle se lève, me fait face et me toisant un instant de toute sa hauteur, soulève la capuche d’un mouvement de ses mains fines et aux ongles peints. La cape noire aux fins liserés d’ors s’écarte et apparait le visage fin d'une blonde aux longs cheveux dorés et au nez allongé qui me fixe de ses yeux noisette. Maîtresse Yoo-Me et la mystérieuse capitaine viennent se placer de chaque côté et viennent quérir leur dû. La blonde désigne négligemment du doigt une mallette posée sur la table, que mes ravisseuses s’empressent d’aller ouvrir, m’entraînant derrière elles à quatre pattes.

« Le compte y est » annonce Yoo-Me à son acolyte qui acquiesce. Elles reviennent et tendent la laisse à l’inconnue qui s’en saisi et me tend la main. « Voici ta nouvelle Maîtresse annoncent elles en cœur. « Je suis ta nouvelle Maîtresse et on peut dire que tu m’auras fait courir petit mâle, mais on n’échappe pas à Maîtresse Stéphanie ! Je t’ai payé et tu es à moi  »




Elle me présente une main que je m’empresse d’embrasser, comprenant la précarité de ma situation. Un sourire carnassier éclaire son visage dans le reflet dansant des flammes. Elle écarte sa cape et je la découvre vêtue d’une jupe et d’un corset de cuir noir. A ses pieds, des cuissardes à très hauts talons. « Je sens que je vais ‘amuser avec toi. » ajoute-t-elle pensive.

A cet instant, la capitaine la rejoint et défaisant foulard, casquette et lunettes, secoue sa longue chevelure blonde, d’un mouvement de la tête, la remettant en ordre de la main. Elle dévoile enfin son identité sous mes yeux ou se lisent à a fois stupeur et consternation…

Derrière, légèrement en retrait, deux silhouettes, l’une brune et l’autre blonde attendent en silence et avec déférence la fin de la confrontation en s’adressant de temps en autres, des œillades.


mardi 1 août 2017

Pavillon noir et talons aiguilles 1 : Larguez les amarres

Au matin, le clapotis et le balancement langoureux du roulis, me tirent de tirent lentement de ma torpeur. Je me retrouve allongé sur une couche étroite, un matelas épousant parfaitement mon corps qui tranche avec la rudesse du sac dans lequel je suis enveloppé, nu jusqu’au cou, les mains attachées sur le devant par des menottes.

Je sens également des bracelets larges sur mes chevilles. Bras et jambes reliés par des chaînettes tendues entre elles qui limitent mes mouvements. Sur mes yeux, une cécité provoquée par une étoffe de soie. Dans ma bouche, une boule tend mes mâchoires et me contraint au silence. Je bave dans un gargouillis de sons inintelligibles.




Un frôlement à mon côté et le craquement du plancher, des pas légers, puis une main effleure ma tempe alors que balance ma couche sous le poids d’une personne qui s’y assoit. Je sens cette présence très légère pourtant qui m’enveloppe dans ses bras. Un instant, je panique alors que soudain je trouve autour de mon visage les masses très douces que j’identifie entre toutes : les monts jumeaux d’une poitrine généreuse. « Twa être à moi petit chien ».

Puis ôtant mon bâillon, elle glisse entre mes lèvres entrouvertes, alors que j’aspire une goulée d’air, le sommet rose d’un téton. Instinctivement, je referme mes lèvres et  tète, ce qui me vaut un « bon chienchien » et une caresse sur le visage. A peine ais-je la sensation d’un tuyau qui glisse à la commissure de mes lèvres, sous ma langue, par lequel s’écoule un liquide sucré, chaud et doucereux. Par réflexe, la bouche pleine, je déglutis.

Une caresse sur la joue, un petit rire moqueur et un « allez fais dodo chienchien, twa facile à tromper comme tous les mâles ». Une porte qui claque, me rappelle des souvenirs désagréables, pas si anciens et à une autre séparation. Je sombre à nouveau malgré moi dans un sommeil peuplé d’un tourbillon de robes jaunes et de rubans de soie, où je me retrouve, courant de salles en salles, dans un décor baroque, vêtu d’une seule robe de bure, rugueuse, en appelant éperdu, Maîtresse, Julie, Hélène…




Dans mon sommeil agité, je tente de me tourner en tous sens, mais ne réussit qu’à me cogner les genoux et les coudes. « Outch ». J’entends dans une semi-conscience des pas, des voix graves et rauques et d’autres Féminines, des mots dont je ne perçois pas le sens. « Quelqu’un, de l’aide… » Mais le balancement régulier des vagues qui me bercent, ainsi qu’une douce musique à peine perceptibles me ramènent au monde des songes. Je capitule à nouveau, les yeux lourds, la bouche sèche et toute perspective de sauvetage s’éloigne pour de bon.

Émergeant de temps à autre, je reçois une autre dose de ce produit qui me renvoi au pays des rêves. Perdu dans des limbes à la saveur cotonneuse, je perds la notion du temps, replongeant aussitôt, caressé par des doigts de fées, les oreilles remplies par la musique apaisante des haut-parleurs.

Bien plus tard, ouvrant un œil, la bouche sèche au son régulier du martèlement d’un moteur, je comprends que le bateau a quitté le port sur une destination mystérieuse. Capturé par ces filles pour je ne sais quel desseins, je me sens tel un animal volé une fois de plus, arraché à ses Maîtresses par un cruel destin. Puis, le bruit mécanique s’arrête et je perçois des voix et les pas sur le pont au-dessus de moi et le clapotis des vagues tout autour. Le bourdonnement de la musique s’est tût.

Je me passe la langue sur les lèvres sèches. La main sur mon intimité confirme qu’elle est toujours enfermée dans sa prison de soie. Je suis comme un papillon pris dans une toile d’araignée, fragile et vulnérable, à la merci de ma mystérieuse ravisseuse et, dans la moiteur du réduit où je suis confiné. Ces sensations me font frissonner et accentuent ma honte.

Un instant, je songe à me révolter, à m’enfuir pour échapper à cette machination, lorsque la trappe s’ouvre et que l’on m’ôte le bandeau qui me masque la vue. Je cligne des yeux pour m’habituer à la lumière et découvre une cabine étroite et spartiate. Le soleil pénètre par plusieurs ouvertures dans cet habitacle et face à moi, une paire de jambes au galbe prononcé, musclées et bronzées.

Ma geôlière, se penche au-dessus de moi, exposant ses formes généreuses à ma vue et dégrafe le col du sac dans lequel je suis enfermé depuis ma capture. Je voudrais m’en défendre, tant le fait de sortir de la sécurité relative m’effraye. Je me recule pour essayer d’échapper à cette poigne et reçoit en retour une gifle. « Toi tenir tranquille chienchien ». Puis devant ma mine déconfite, cruelle, elle éclate de rire.

D’une main sûre, elle détache les liens qui retiennent mon sac à la paroi et je roule à terre, hors du waterbed, nu, à ses pieds. Elle me les présente sous les yeux sans mot dire, faisant gigoter ses ongles vernis de carmin très sombre. « Embrasse chienchien » ordonne-t-elle d’un ton sec en claquant des doigts. Alors que je tente de me reculer, elle s’appuie en arrière et pose son autre pied contre mon visage pour m’y contraindre. « Mwa mater fortes têtes pires que twa ».

Comprenant que je suis à sa merci, je m’y résigne. Acceptant ma défaite, je darde ma langue entre ses petits pieds et les lèche, passant entre ses orteils et les embrassant lentement. A nouveau elle se met à rire alors que coulisse la porte qui donne sur le pont. La lumière inonde le lieu alors que j’aperçois pour la première fois une blonde incendiaire qui ne m’est pas inconnue. « Mais où ais-je bien pu la rencontrer ? »




Elle entre et pose un genou à terre « nous approchons de l’île Maîtresse ». Cette dernière la chasse d’un geste de la main « C’est bien, fais le nécessaire, j’arrive ». D’un mouvement souple, la blonde se relève et tandis que j’admire son balancement de hanches, comme dans un rêve, se retourne et me décroche un clin d’œil avant de refermer la porte derrière elle.

« Esclave, homme-jouet », lance-elle en avançant son visage près du mien « tu es à la merci de Maîtresse Yoo-Me, Rara pour les intimes, mais pour toi ce sera juste Maîtresse. Compris ? » Prononçant ce dernier mot, elle hausse le ton tout en agitant un index impérieux sous mon nez et exigeant une réponse Je ne peux qu’accepter encore une fois. Tant la soumission semble m’être devenue naturelle.