Nous nous mettons en route à la
nuit tombante. Franchissant le seuil du bureau directorial, nous retrouvons
derrière le « régisseur » qui se met à genoux sur un claquement de
doigts de Virgid, l’étudiante et baisse la tête de manière déférente au passage
des Dames. Nous suivons, nos intimités enveloppées de soie, prises dans la
toile tissée par les grandes prédatrices qui nous précèdent. Camouflés sous nos
smokings et les nœuds papillons, des colliers reliés à des chaînes nous relient
à nos Maîtresses, formant un attelage insolite en ce lieu d’études.
Virgid se tourne vers le
régisseur et lui attache sa chaîne au coup. Celui-ci la remercie en lui
embrassant les mains et les pieds puis se redresse et se lève sur un claquement
de ses doigts fins et manucurés. Tous deux nous rejoignent à l’entrée du bureau
de la secrétaire où nous patientons. Plus ancien soumis ici, Hélène me susurre
doucement à l’oreille de montrer l’exemple « comme un bon toutou » en
s’accroupissant près de moi pour me gratter la tête.
Rougissant, je lève les yeux qui
se trouvent au niveau de son décolleté ce qui me vaut de nouveaux commentaires
et des rires de l’assistance. Je suis de plus en plus un « ani-mâle »
domestiqué dressé pour être le jouet des filles. Mais où es donc ma
honte ? Depuis que je les ai retrouvées après mon enlèvement, la peur de
les perdre a pris le dessus sur bon nombre de mes réticences.
« Adieu Marc, bonjour
toutou ». Comme si elle avait compris mes pensées, Hélène me gratifie d’un
baiser léger, puis se redresse en effleurant ma queue tendue, une trace légère
rose sur les lèvres qui fait rire l’auditoire. Son parfum capiteux m’enivre,
ses yeux plongés dans les miens me captivent.
Elle m’ordonne de me relever sous
les regards mi- envieux, mi- inquiets des deux autres soumis, tire sur ma
laisse, nous entraînant d’un « en avant » tonitruant, repris en chœur
par les autres filles. Elles nous promènent en laisse à travers ces grandes
enfilades de couloir vides qui résonnent de l’éclat des voix des filles, de
leurs rires, du frôlement des robes et du claquement des talons.
Empruntant un ascenseur, nous
nous retrouvons dans la proximité des corps et des formes. Les filles s’amusent
à nous tourmenter, jouant encore des mains baladeuses, de leurs charmes et de
leur esprit si fin, plaisantant et devisant l’esprit léger tandis que nous
parvenons enfin aux garages souterrains. Toujours guidés à la longe, nous nous
hâtons et moi qui les devance, je montre le chemin et les précède dans le
geste, ouvrant la porte et mettant un genou à terre.
Julie toute à son émotion me
sourit en prenant mon menton entre ses mains gracieuses où je dépose moult
baisers très doux. Maîtresse, déjà assise capitalise, souriant à pleines dents,
sur ma servilité tandis qu’Hélène sort une baguette de son sac, et en compagnie
de Virgid, fait hâter les deux autres et j’mâles, le larbin au volant et
l’autre entre Julie et Hélène, tandis que je prenais place entre mes deux
sauveuses, toute inquiétudes envolées. La jeune prodige s’assied auprès du
chauffeur pour le canaliser, le « driver ».
La limousine s’élance et je ne
vois rien du trajet, tant je suis sollicité et ne sais où donner de la bouche
et des mains et je comprends aux petits cris et aux râles que Julie s’amuse
tout autant que nous. Seule la banquette avant semble calme, alors que noyés
dans la circulation dense à cette heure, nous croisons voitures, scooters entre
autres et nous immobilisons même un instant près d’une voiture de police, au
feu rouge. A l’avant, les occupant retiennent leur souffle, jusqu’au vert qui
ne tarde pas à venir.
La voiture s’immobilise devant
les marches de l’opéra et je me relève d’entre les cuisses de mes Maîtresses,
le visage tout barbouillé, prêt à bondir pour ouvrir la portière. Maîtresse me
retient en riant et Julie sort un mouchoir de son petit sac qu’Hélène saisi au
passage. « Tu ne vas tout de même pas sortir comme ça toutou ! »
s’exclame-t-elle. A genoux, je tends le cou et me laisse faire, tandis que
Julie essuie le visage de son patron-soumis qui prend modèle sur moi. A ma
grande surprise, j’en suis assez fier.
D’une claque sur les fesses et
d’un clin d’œil, Maîtresse m’envoie ouvrir la portière d’un « allez ouste
mon petit rêveur ». Elle me ramène à la réalité et m’envoie ouvrir la
portière. « Un instant » s’écrie Hélène qui passant la main jusqu’à
mon cou défait la chaîne attachée au collier et la dissimule dans son sac.
Je réajuste mon col et ouvre la
portière, enfin prêt, alors que mon alter ego en fait de même de son côté,
laissant le passage aux Dames, en leur tendant galamment la main. Virgid
descend sa fenêtre et nous indique qu’elle nous rejoint plus tard. Nous
gravissons les marches, tandis que Julie salue des connaissances et des
étudiantes et les présente à ses amies.
Parvenus dans le hall, nous
sommes accueillis par les applaudissements d’étudiantes et de professeurs,
chacune tenant d’un chevalier-servant a leur bras, les mettant en valeur telles
des princesses en leurs atours de soirée. Le vestiaire tout près tenu par notre
chauffeur, que supervise une Virgid, l’air sévère, la baguette à la main, au
grand ravissement de ses amies avec qui elle papote tout en distribuant les
ordres.
Celui-ci est d’ailleurs très
occupé à pendre manteaux et sacs à main, et distribuer les tickets, toques et
habits de circonstance de couleur bleue, aux futures diplômées, se faisant
tancer de temps à autres, pour sa maladresse et sa lenteur par sa Maîtresse,
sous les rires et les quolibets de l’assistance. J’aperçois pourtant dans cette
foule une jeune personne cheveux de jais, aux anglaises tombant sur ses épaules
nues, retenues de rubans bleus. Sa robe de soie jaune fermée d’un corset met ainsi
bien en valeur la poitrine opulente de sa propriétaire.
Ses traits asiatiques dont le
tatouage de tigre dépasse de ses épaules Elle détonne tellement dans cet
univers très feutré que j’ai peine à comprendre comment elle peut passer
inaperçue. Je veux en avertir, attirer l’attention, mais ne réussit qu’à me
faire gronder.
Entraîné par mes Maîtresses qui
me tiennent chacune par la main pour ne pas me perdre dans la foule, je me
dirige à mon tour vers ce comptoir où nous sommes à notre tour servis, dans le
brouhaha ambiant des conversations, des rires cristallins, froissement des
robes de soirée sur les tapis profonds, de frôlements, des couleurs des ongles
et de leur lèvres et de senteurs des parfums Féminins. Ici les Femmes sont
clairement en vedette tandis que les mâles paraissent bien ternes.
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