Nous nous relayons au bord de la route, située à une dizaine de mètres de la voiture après avoir changé l’une des roues, voyons la nuit arriver avec inquiétude. Les voitures passent les phares allumés et même si certaines ralentissent, aucune ne daigne s’arrêter sous le cri moqueur des insectes et des oiseaux de nuit.
Alors que nous voyons les
dernières lueurs du jour embraser l’azur, le cri de chasse du hibou se fait
entendre alors que la fraicheur s’installe. Une voiture s’arrête enfin. Des
portes claquent et des pas résonnent sur le chemin, précédés de lueurs balayant
le chemin. Un « youhou, vous avez besoin d’aide ? » d’une voix
Féminine se fait entendre.
Nous sortons pour nous porter à
leur rencontre et nous trouvons en présence d’un couple. Je reste en arrière
prêt à toute éventualité alors qu’en face j’observe que ma contrepartie masculine
fait de même avec peut-être, une certaine déférence. A moins que ce soit moi
qui me fait des idées ? Je ne sais que penser alors que la fatigue se fait
sentir, ne pouvant distinguer les détails de nos sauveurs dans l’obscurité.
Hélène croise les bras et
frissonne soudain avec un « brrr » expressif mettant fin à la
discussion et c’est avec un sourire que les filles se tournent vers nous.
« toutou nous allons passer la nuit chez eux, va chercher les
affaires. » alors notre sauveuse appelle son « ami » et lui
ordonne de m’aider.
Je tente de discuter avec lui,
mais il ne me répond pas. Puis, alors que j’insiste, il se retourne vers moi en
mettant un doigt sur sa bouche et en faisant un « shhh » inarticulé.
Il semble bien ennuyé et tourne ses regards ennuyés en direction des filles et
surtout de sa Maîtresse. Voyant qu’elles continuent leur discussion sans faire
attention à nous, il se remet au travail.
A dire vrai, la demande qu’elle
lui a faite ressemble sans doute plus à un ordre qu’à une question à bien y
réfléchir. Son attitude déférente me trouble quelques peu, mais je n’ai pas
plus de temps de m’interroger. Nous nous dépêchons de transborder les affaires
des filles. A dire vrai, les miennes sont réduites à leur plus simple
expression voire à ce qu’elle décide me faire porter depuis notre départ de
Fontainebleau, il y a de ça quelques jours.
Notre tâche accomplie et la malle
de cette voiture remplie, nous nous dirigeons vers les filles et nous entassons
à l’intérieur. La voiture redémarre et laissant la Clio de Véronika, nous
parvenons au terme d’un court trajet à la maison de nos sauveurs. Ils nous
montrent nos chambres et Maîtresse m’installe comme toujours aux pieds du lit
puis m’embrasse avant de rejoindre Hélène. Le sommeil me surprend et m’accueille
jusqu’au matin dans ses bras.
Au bout d’un moment, nous
quittons cette petite route pour nous engager sur un chemin de terre. Nous
arrivons devant un un portail massif encadré de deux piliers. La voiture
s’immobilise moteur allumé et mon « confrère » en descend pour
permettre notre passage, puis nous rejoint après l’avoir refermée. « Après
porte-faits, le voilà portier ».
Une demeure se découpe par cette
nuit de Lune montante. Dans l’obscurité, les ombres d’arbres qui nous entourent
paraissent menaçantes, telles des griffes de géants prêtes à nous saisir. Les
filles me serrent contre moi, de part et d’autre, ce dont je ne saurais me
plaindre.
Nous laissons la voiture dans une
allée et nous éloignons en direction de la bâtisse, « sans doute un mas provençal
réaménagé ». Nos pas claquent sur des pavés et nous arrivons devant une
porte qui s’ouvre sur un intérieur spacieux, confortable et rustique.
Notre hôtesse nous entraîne vers
le salon où se tiennent les filles. Elle envoie son « serviteur » à
la cuisine afin de chercher de quoi nous sustenter. Mais est-ce bien le cas car
pour l’heure j’ai du mal à le définir. Maîtresse m’ordonne de le suivre et nous
voilà donc affairés. J’avoue que tous ces évènements et la vue des mets
disposés sur les plateaux m’ont donné faim.
A notre retour, nous trouvons ces
dames installées dans un luxueux canapé et lancées dans une
grande discussion
concernant la voiture et ce mystérieux acte de malveillance. Maîtresse s’inquiétant
de savoir comment faire réparer la voiture. « C’est que nous somme
attendus » ajoute Hélène. Notre hôtesse dissipe ces inquiétudes. Les
filles évoquent les moutons que nous avons entendus et demandent si le berger
aurait pu commettre un tel acte, mais sans obtenir de réponse convaincante.
« Peut-être un rôdeur ? » conclu la Maîtresse du lieu.
Nous déposons le plateau sur la
table basse et tandis que mon alter ego fait le service, Maîtresse me fait
signe de me taire et de venir m’assoir sur pouf à ses pieds et d’un signe,
m’ordonne de la déchausser. Je rougis mais n’ose la contredire et m’exécute
discrètement afin de ne pas attirer l’attention. Ce qui me vaut une caresse de
sa part et une demande identique d’Hélène. Rougissant je masse leurs extrémités
pédestres sous les regards surpris de nos hôtes. J’y gagne ma pitance alors que
l’homme regagne la cuisine et que les conversations se poursuivent.
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